Palestrina princeps musicae, Film di Georg Brintrup - ZDF 2009
Onirique, céleste, divin, c’est Palestrina
Montréal, Festival international des films sur l’art (FIFA)
Martin Prévost - 22 mars 2011 - Pieuvre
Pour un amoureux de l’œuvre de Palestrina comme je le suis, se présenter à la projection du film de Georg Brintrup, Palestrina, princeps musicae, c’est arriver avec de grandes attentes. Et comme les admirateurs de Giovanni Pierluigi da Palestrina sont nombreux en ce monde, le réalisateur avait une lourde tâche à accomplir et des choix importants à faire dans le traitement du sujet. Le premier des ces choix fondamentaux, Brintrup l’a fait en optant pour la biographie dramatisée. Second choix qui devait achever d’asseoir un travail impressionnant : nous faire entendre la musique du maestro, beaucoup de musique, interprétée avec talent, avec brio et surtout avec beaucoup d’âme par l’Ensemble Seicentonovecento, sous la direction de Flavio Colusso. L’ambiance céleste qui se dégage de ce bijou de document nous donnait envie de fermer les yeux pour mieux s’élever vers les cieux et tenter de rejoindre Palestrina. Par contre, il valait mieux les garder ouvert pour tenter de lire à toute vitesse les sous-titres anglais si, par malheur, notre italien, comme c’était mon cas, laissait à désirer. C’eut été aussi dommage car la photographie du long métrage valait le détour. Le choix de lieux de tournage pour les scènes dramatisées nous laisse deviner des semaines de repérage et de demandes d’autorisations pour filmer. Mais les scènes réelles, qui mettent presque toutes en scène et en voix les excellents chanteurs ne sont pas moins bien campées et elles nous laissent deviner sans peine la qualité de l’acoustique dans ces lieux mythiques. Pour revenir à la dramatisation, mentionnons tout de suite que le choix des acteurs est très réussi et que chacune des interprétations est crédibles mais si certains acteurs se démarquent et ont l’air plus vrai que nature. Avec toute cette mise en scène, Brintrup réussit à nous montrer un Palestrina humain, bon vivant mais aussi tourmenté, parfois imbu de lui-même, profondément artistique et sincèrement mystique. Il nous montre aussi une Italie où la religion était omniprésente et très politique. Tout en détaillant l’évolution de la pensée musicale et philosophique du maître, le réalisateur a produit une impressionnante ode à la polyphonie. Repartir du visionnement de Palestrina, princeps musicae, pour un adepte comme moi, c’est s’en retourner comblé!